Barriques

C’est gros un tonneau ?

Le volume traditionnel d’un tonneau est… variable. Historiquement il dépend des régions et peut prendre différents noms plus ou moins poétiques. Généralement on parle de barriques à Bordeaux, et de fûts en Bourgogne… mais ce n’est pas si simple. Napoléon (le troisième du nom), n’a jamais voulu trancher malgré les demandes d’harmonisation qui lui étaient faites.

Historiquement, le négoce de vins était régenté par les Anglais, se faisait par voie maritime et donc principalement via le port de Bordeaux. Comme nos amis d’Outre-Manche ne font rien comme les autres, ils ont inventé le galon (le litre était trop simple – j’aurais pourtant aimé le litron, la rime était belle -). Une barrique bordelaise fait 50 galons, soit 225 litres. Pour les petits curieux amateurs de chiffres et de division, le 75 cl de notre bouteille de vin vient de là : les 50 galons, ou 225 litres (vous m’avez bien suivi), une fois divisés en unités « buvables » font 25 caisses de 12 bouteilles… de 75 cl.

Les bourguignons ont décidé de leur côté que le fût faisait 228 litres, et pour arranger le tout pas de la même forme. La « Bordelaise » est plus longue et la « Bourguignonne » plus trapue. Pourquoi faire simple après tout ?

On peut également parler de pièce pour une barrique bourguignonne, et une demi-pièce est une feuillette (donc 114 litres vers Dijon). C’est plus joli que barriquette. Je passe outre les appellations parisiennes, champenoises ou du Mâconnais… On y perd son latin, bien que les romains aient plutôt apprécié les amphores.

Ensuite, les tailles vont croissant, On trouve couramment des 300 litres, 350, 400, 500 ou 600 litres. La plus grosse barrique est nommée demi-muid. Là encore, lui donner un nom « entier » aurait été trop simple (je ne connais pas de muid entier…). Le vigneron est assez farceur, aussi parfois le demi-muid peut signifier 500l. Il est nécessaire de lui poser la question quand il vous parle de la chose. Un moment d’inattention et il manque 100 litres à la barrique commandée.

Je connais même d’autre formats « hybrides », tels les 320 litres à la forme très spécifique (très longs) utilisés par certains vignerons qui travaillent sur lies.

Ces gros formats sont de plus en plus utilisés car ils offrent des caractéristiques intéressantes pour les élevages longs. Les douelles [1]sont plus épaisses (souvent 40 mm), la part du vin au contact du chêne plus faible et donc l’oxygénation douce. Même les Bordelais pourtant très conservateurs s’y mettent, les 400 litres commencent à faire leur apparition dans les chais.

Un beau bébé joufflu de 600l tout nu pèse 125 kg sur la balance, il commence à être difficile à manipuler. Et entre deux élevages il faut le vider, le nettoyer. On touche ici les limites du possible à la mano, et les tailles des caves – ou des portes des caves. Au-delà, les énooormes barriques deviennent des petits foudres, appellation générique des gros volumes d’élevage. Les plus courants vont de 15 à 90 hectos (un hecto = 100 litres), soit entre 1500 et 9000 litres.

Le travail du foudrier est différent de celui du tonnelier, les procédés de chauffe sont différents – un homme seul ne manipule pas un foudre (mis à part Zeus et Thor, mais ils n’ont pas temps à perdre en atelier), le bois n’est pas le même – pas la même partie du chêne. Leur utilisation est également différente, nous en reparlerons à un autre moment.

Comme vous avez pu le voir, le vin (ou son élevage) est vraiment une affaire de chiffres.

[1] Nom d’une latte de bois chez un tonnelier

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